Niveau 4 – Bonus
Après beaucoup de lignes passées à parler des erreurs les plus fréquentes, cette courte partie se permet quelques conseils pour progresser.
Lisez des parties séparées
• Plus que les partitions solistes, qui jouent souvent sur un niveau de difficulté extrême, la lecture des parties séparées de musique de chambre et d’orchestre est très formatrice. Leur difficulté est en général idéalement calibrée. Par rapport au conducteur, la partie séparée donne un aperçu de ce que voit l’instrumentiste, et permet d’apprendre ce qui est jugé jouable dans le corpus de la musique classique. L’IMSLP est une ressource inestimable pour la musique dans le domaine public, à compléter par d’autres sources pour la musique moderne et contemporaine.
• Pour se former à l’écriture la plus idiomatique dans laquelle baigne un instrumentiste issu d’un conservatoire, on peut lire les parties séparées des quatuors à cordes de Haydn, Beethoven, Mendelssohn, Ravel, Debussy ; les parties séparées des symphonies de Mendelssohn, Brahms, Tchaïkovski.
• En revanche, les partitions de Schumann, Strauss et Wagner sont ou bien assez maladroitement écrites pour les cordes, ou bien d’une difficulté particulière.
Pensez à utiliser les possibilités des doubles cordes
Les doubles cordes font partie du langage des cordes. Elles ne posent pas de problèmes aux instrumentistes. N’hésitez pas à vous en servir souvent et connaissez ces différentes écritures typiques :
• Les bourdons (voix restant sur la même note) sont faciles à jouer, en particulier s’il sont sur une corde à vide. Si vous écrivez sur deux voix, n’oubliez pas que le rythme du bourdon doit correspondre au rythme du coup d’archet.
• Un accord forte, en fin de mouvement par exemple, sonne beaucoup mieux avec des doubles cordes, et encore mieux en accords.
• Les quintes parallèles sont fantastiques. Elles peuvent être enchaînées très rapidement au violon. Les violoncellistes les réalisent en barré et ne peuvent pas en jouer des successions trop rapides (il faudrait un démanché à chaque fois). Les altistes ne les portent pas dans leur cœur car leurs cordes sont assez espacées et leurs doigts pas toujours assez boudinés pour pouvoir appuyer sur deux cordes en même temps !
• Les bariolages peuvent se faire facilement en doubles cordes.
• Les cordes à vide (sauf la plus grave) peuvent être doublées à l’unisson, pour plus d’impact sonore (nuance forte) ou pour profiter de l’effet chorus.
Laissez le choix à l’interprète
• Il y a quelques cas où l’on est bien avisé de laisser l’interprète faire ses propres choix plutôt que de tout écrire sur la partition.
• En orchestre, les interprètes voient très facilement si un passage à deux voix doit être joué divisé ou non. Ne le précisez donc que si vous avez une idée précise, et en sachant que votre instruction ne sera pas nécessairement respectée. Si malgré tout vous voulez vous assurer qu’un passage soit joué divisé, pensez à utiliser des portées supplémentaires (cela évite bien des problèmes de lecture).
• À moins que vous ne soyez vous-même un instrumentiste à cordes d’un très bon niveau, laissez le choix des doigtés à l’interprète.
• N’indiquez la place d’archet que si vous savez ce que vous faites ; préférez des indications de caractère.
• Si les liaisons sont de votre ressort, le choix des coups d’archet doit en revanche être laissé aux interprètes. Trois exceptions notables, à écrire seulement sur le début du passage :
• L’indication ad lib. est magique, servez-vous-en ! Elle motive l’interprète à essayer quelque chose de difficile, à relever le défi.
Dans la dernière partie, nous donnons des indications utiles pour les modes de jeu spéciaux et la musique contemporaine.