Niveau 3 – Utiliser toute la palette des cordes
Voici des pistes pour rendre vos partitions plus intéressantes à jouer pour les interprètes.
N’écrivez pas trop facile
• Il faut donner à manger aux violonistes. Un instrumentiste qui a commencé à apprendre l’instrument le plus ingrat au monde à six ans et a persévéré jusqu’à l’âge adulte s’attend à jouer vite et aigu, pas à tenir des rondes ni à compter des dizaines de mesures.
• Motiver un altiste ou un violoncelliste réclame aussi de ne pas rester constamment dans la facilité. La gratification minimale consiste à au moins explorer tout l’ambitus de l’instrument, des modes de jeu et des coups d’archet variés, et des rôles musicaux en évolution.
Ne castrez pas les interprètes
• La sourdine, le mode de jeu sul tasto et les harmoniques donnent de très beaux résultats. Toutefois leur emploi excessif, qui est un travers fréquent, lasse interprètes et auditeurs. Pour le musicien, ces trois modes de jeu représentent des restrictions des possibilités de l’instrument, de sa puissance certes, mais surtout de son expressivité. À la longue, ils peuvent donc lui faire ressentir une certaine frustration.
• Autre type d’écriture qui peut avoir un effet castrateur : aux cordes, les notes tenues forte sonnent plutôt plat ! Leur conduite est beaucoup plus difficile qu’avec un instrument de la famille des bois. Des notes répétées, des effets rythmiques, peuvent aider à soutenir les harmonies tenues.
L’écriture du haut n’est bien sûr pas interdite, et peut être tout à fait efficace en orchestre. Elle peut simplement donner aux instrumentistes, surtout en solo ou en petit ensemble, l’impression d’être impuissants face à l’intensité demandée.
• Sauf en orchestre, n’écrivez pas de nuance en dessous du pianissimo à moins d’être sûr de ce que vous faites. Vous imaginez peut-être un son diaphane et aérien ; vous risquez d’entendre un résultat frêle et gringalet ! Les instrumentistes auront quant à eux l’impression insatisfaisante de devoir se retenir de jouer. Vous pouvez remplacer la nuance extrême par un simple piano assorti d’une indication expressive bien choisie, par exemple « telle l’opalescente rosée qu’un souffle envole ».
Tirez parti de de la virtuosité par formules
La technique d’un instrumentiste à cordes comporte des formules idiomatiques, que le compositeur ou l’arrangeur peut voir comme des « tiroirs » qu’il n’a qu’à ouvrir. Malgré leur difficulté intrinsèque, ces tours de cabotinage sont déjà travaillés et acquis, fournissant des effets impressionnants à peu de frais et gratifiants pour l’interprète.
• Gammes et arpèges
• Coups d’archet : détaché rapide, spiccato, legato
• Trémolos des deux espèces, trilles. Les trémolos de la première espèce sont intéressants à toutes les nuances, et se notent en général sans aucune liaison.
• Rythmes complexes sur une même note ou une même position de main gauche
• Glissades à hauteurs fixées ou libres
• Octaves comme apogée d’intensité (surtout pour un 1er violon). Les octaves peuvent être jouées en doubles cordes ou être décomposées.
• Doubles-cordes exploitant une ou deux cordes à vide
• Comble de l’esbroufe : bariolages
Dans la page suivante, vous trouverez quelques idées en bonus pour vous améliorer.